Assiste-t-on vraiment à un réveil global des volcans ? « Il n'y a rien d'exceptionnel »
Publié : 31 juillet 2025, 09:08

Assiste-t-on vraiment à un réveil global des volcans ? « Il n'y a rien d'exceptionnel »
Depuis plusieurs mois, la rumeur grandit sur les réseaux sociaux qu’on assiste actuellement à un réveil des volcans à l'échelle mondiale. En réalité, l’activité volcanique n’est pas « significative » cette année, selon le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff.
L’Etna en Italie, Reykjanes en Islande, Sakurajima au Japon ou encore Lewotobi Laki-Laki en Indonésie : ces volcans ont fait parler d’eux ces derniers mois pour être entrés en éruption. Une activité qui a intrigué de nombreux internautes, qui s’inquiètent sur les réseaux sociaux d’assister à un « réveil des volcans ». Dans la presse anglaise, le tabloid Daily Mail affirmait même il y a quelques semaines que les experts étaient en « état d’alerte maximale » après une reprise d’activité de volcans dans la ceinture de feu du Pacifique.
Une émission diffusée au printemps sur France 5, titrée Le Réveil des volcans d'Europe, a aussi pu laisser craindre un réveil « global » de volcans endormis.
Mais dans les faits, cette activité est-elle plus importante que les autres années ? Pas pour le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff : « Effectivement, il y a quelques éruptions spectaculaires qui font parler d'elles parce que justement elles sont médiatisées, mais ce n'est pas énorme en volume et en énergie. Il n'y a rien d'exceptionnel », assure le volcanologue à l’université de Paris-Saclay qui se veut rassurant. « C'est régulier. La Terre est une planète active, donc elle libère de l'énergie sous forme de séisme, ou sous forme de volcan. Il n’y a pas de de variation significative entre aujourd'hui et il y a 100 ans. »
Entre 40 et 50 éruptions chaque année
Le site Global Volcanism Program, spécialisé dans l’étude des volcans, suit la même perspective, affirmant qu’il n’y a « aucune preuve d’une réelle augmentation de l’activité volcanique » qui enregistre entre 40 et 50 éruptions de volcan chaque année. Au contraire, pour les scientifiques, cette impression de regain d’activité est plutôt lié à « l’accroissement des populations vivant à proximité des volcans » et à une « amélioration des technologies de communication pour signaler ces éruptions ».
« Rien d'inquiétant » en Auvergne
En France, des activités sismiques profondes ont été détectées par des chercheurs dans les Monts d’Auvergne dans une étude publiée en juillet dernier, où les volcans de l’Hexagone sont pourtant inactifs depuis des millénaires. Mais rien d’inquiétant pour le chercheur grenoblois. « Pour l'instant c'est très limité. Les volcans d'Auvergne sont multiples. Pour la Chaîne des Puys, il y a eu des éruptions il y a 8 000 ans, ce qui n'est pas très long pour un volcan. On peut imaginer un réveil dans cinq ans, 50 ans, 500 ans ou 5 000 ans, mais il n’y a rien d'inquiétant, ça se saurait. »
Ainsi, un volcan qui va entrer en éruption affiche deux paramètres principaux : « Quand le magma profond monte vers la surface, il ébranle le volcan qui est sujet à de nombreux micro-séismes. Puis, quand il s’injecte dans le volcan, il gonfle un peu », détaille le volcanologue. Tous ces paramètres sont mesurables et surveillés.
Bientôt un super volcan ? « C'est extrêment rare »
Le réchauffement climatique pose aussi question quant à son impact sur l’activité volcanique, mais là encore, Jacques-Marie Bardintzeff rassure. « Les volcans, c'est une origine interne de la Terre alors que le climat est externe. Il y a peu de liaisons », assure le volcanologue depuis 47 ans, plus inquiet de la montée des eaux. « Ça va peut-être faire fondre certains glaciers et pour les volcans qui sont sous glacières, notamment en Islande ou en en Antarctique, ça pourrait favoriser les éruptions mais ça reste peu important. Ce n'est pas l'augmentation climatique qui va expliquer une recrudescence de l'activité volcanique terrestre. »
Une autre rumeur sur les réseaux sociaux évoque un « super volcan » dont l’éruption, plus forte et destructrice, pourrait avoir des conséquences planétaires. « Les super volcans ont fait des super éruptions qui ont laissé des cendres volcaniques ou des ponces volcaniques », explique le chercheur auteur du blog ''volcan mania'' qui fait référence au Yellowstone. « Mais c'est une par 100 000 ans ou 500 000 ans ou 600 000 ans. Ce n'est pas impossible qu'il y ait une nouvelle super éruption qui se produise, mais c'est extrêmement rare. Une éruption qui est 1 000 fois plus forte, elle est 1 000 fois plus rare.
Pas de panique à prévoir prochainement mais une attention particulière à ce qu’on peut voir circuler sur les réseaux sociaux, notamment avec l’intelligence artificielle : « Il faut que les gens sachent que malheureusement il peut y avoir des images trafiquées, montées ou des vieilles éruptions utilisées pour faire croire qu'elles sont actuelles. C'est sûr qu’au niveau scientifique, ça complique tout ça... », avertit Jacques-Marie Bardintzeff.